À l’occasion de la Fête du Travail ce 1er mai, une étude sur le sens au travail réalisée par Kantar TNS pour Randstad révèle que 18% des Français ont le sentiment d’occuper un «bullshit job».
Dans le monde du travail contemporain, certains postes, emplois, ou missions sont parfois difficiles à comprendre. Les actifs concernés, eux sont dubitatifs: à quoi sert réellement leur emploi? Kantar TNS a réalisé une grande étude (10.000 actifs sondés) pour le compte de Randstad, consacrée au facteur «sens» du travail. Il en ressort, un premier enseignement: près d’un Français sur cinq (18%) a le sentiment d’occuper un «bullshit job», que l’on peut traduire en français par «job à la con». Ce terme, popularisé par l’anthropologue américain David Graeber, désigne un emploi inutile, dont on ne perçoit pas le sens. Le second constat, conséquence directe du premier, est plus positif: face à un «bullshit job», les Français ne restent pas passifs !
Les actifs français regardent les choses en face: lorsqu’ils ont le sentiment que leur travail au quotidien n’a ni sens, ni utilité, ils savent se remettre en question. Une étape essentielle pour 43% des sondés. Comment redonner du sens à son activité professionnelle? Pour plus de deux Français sur dix (23%), le salut passe par la création de sa propre activité. Un chiffre qui n’est pas surprenant, tant l’entrepreneuriat s’est popularisé. Plus de deux créations d’entreprises sur cinq sont ainsi le fait de microentrepreneurs en 2018. Les entreprises sont également de plus en plus nombreuses à parler d’intrapreneuriat, qui encourage la prise d’initiative et le développement de projets en interne. Une bonne façon d’impliquer et de responsabiliser davantage ses collaborateurs.
« Le sens au travail est un déterminant essentiel dans l’emploi, et joue un rôle croissant pour attirer et surtout retenir les talents, observe François Béharel, président du groupe Randstad en France. En revanche, les actifs français ne sont prêts à sacrifier ni la sécurité de l’emploi ni le salaire pour redonner du sens à leurs missions. Dans ce contexte, l’acquisition de nouvelles compétences apparaît essentielle. »
Reconversion professionnelle et formation
Le changement ne passe pas uniquement par la création de sa propre activité.
20 % des sondés pensent qu’il faut changer radicalement de métier.
D’autres envisagent des changements plus modérés.
13 % estiment qu’on peut retrouver du sens en évoluant dans la même entreprise.
12 % pensent qu’il suffit de changer de secteur tout en gardant le même type de poste.
Enfin, 1 actif sur 10 voit le sens dans un changement de type d’organisation (entreprise, ONG, secteur public, association…).
Pour retrouver du sens, deux leviers ressortent : la formation et la reconversion.
La moitié des sondés les plébiscite.
La mobilité géographique est aussi un facteur important.
Mais vouloir un travail porteur de sens ne signifie pas être prêt à tout sacrifier.
Seulement 28 % accepteraient de renoncer à la sécurité de l’emploi.
Un quart est prêt à travailler dans des conditions moins favorables.
Les Français sont peu enclins à faire des concessions sur leur couverture sociale.
Seuls 22 % accepteraient une protection plus faible (santé, chômage, retraite).
Et 20 % envisageraient de baisser leur salaire pour un emploi perçu comme utile.
Ces chiffres révèlent un attachement fort au modèle social français.
La protection reste prioritaire sur le sens du travail.
En résumé, beaucoup préfèrent un CDI bien payé, stable, même sans sens…
… plutôt qu’un emploi moins confortable mais porteur de sens.